Cette rubrique est ouverte à nos bénévoles : ils vous y proposent leurs lectures, leurs recettes, leurs astuces... comme autant de petits cailloux à ramasser, ou non, sur votre chemin du deuil...
Aujourd'hui, Florence, bénévole dans l'Eure, vous recommande sa lecture....
Nous sommes nombreux, endeuillés ou bénévoles, à connaître l’histoire de Anne-Dauphine Julliand (journaliste et essayiste). Nous sommes nombreux à avoir été touchés par ses ouvrages précédents (Deux petits pas sur le sable mouillé, Une journée particulière et Consolation) qui témoignent de son parcours, du décès de ses deux petites filles d’une maladie rare et incurable, et aussi, de ce qui nous permet de rester debout : la consolation.
« La consolation ne chasse pas la souffrance, elle apporte la paix ».
Mais l’impensable est arrivé avec la mort de Gaspard, son fils aîné :
« J’ai déjà tout raconté, tout écrit. J’aurais dû m’arrêter là, garder pour moi ce qu’il nous restait à vivre. Mais Gaspard est mort. La veille de ses vingt ans. Il n’y a rien à écrire. Et pourtant, j’écris. Parce que je suis en vie. Pour ceux qui sont en vie. »
Voici donc ce récit qu’elle a dédié à son jeune fils Arthur, écrit au nom de tous les siens : « ceux là-haut et ceux ici-bas ». Au fil de courts chapitres, l’auteure évoque les moments de vie, l’effraction de la nouvelle (« tout à coup le silence dans le petit matin »), le partage de la peine avec les tout proches, les rencontres dans le train ou à l’occasion de ses conférences… Comme cette maman, endeuillée elle aussi, que l’auteure reconnait à la sortie des funérailles de Gaspard et qui avait traversé la moitié de la France, bloquant ses souvenirs et l’émotion qui l’étreint, pour « glisser à mon oreille une phrase. Une phrase que je n’accepterais de nul autre, elle le sait. C’est pour ça qu’elle est là. Parce qu’elle seule peut me dire : “On peut y survivre”. »
J’ai lu ce récit, bouleversée entre larmes et sourires ! Et je suis saisie une fois encore, avec ce nouveau livre, par la plume d’Anne-Dauphine Julliand qui nous emmène au-delà du témoignage personnel, vers plus grand que soi.
Portée par cette conviction que l’on peut « ajouter de la vie aux jours, quand on ne peut ajouter de jours à la vie », selon cette phrase du cancérologue Jean Bernard entendue à la radio, un matin sans courage, Anne-Dauphine Julliand précise :
« On croit qu’ajouter de la vie au jour consiste à introduire de la fantaisie, du festif. Il s’agit plutôt d’ajouter de la réalité, dans toute sa vérité, avec son lot d’épreuves. Alors seulement, la vie se pare d’éternité, car elle nous dépasse. »